samedi 15 juin 2013

Immanuel Kant



Immanuel Kant (1724-1804) né à Königsberg ville située au nord du royaume de Prusse, n'aimait pas beaucoup voyager. Il avait passé sa vie dans sa région natale estimant qu'il n'y avait pas besoin de voyager pour pouvoir imaginer le monde.
Il aimait à dire que l'espace et le temps n'ont d'autres existences réelles que leur imagerie dans nos têtes, que les sons n'existeraient pas en l'absence d'oreilles pour capter les vibrations, et que les choses, les lieux, la matière et la substance relèvent du même principe et n'existent que parce que l'esprit (humain) les a créés.

La renommée internationale de Kant fut assez tardive, et ce n'est qu'à l'âge avancé de 60 ans que ses travaux commencèrent à être traduits en Anglais et en Français. Mais il est considéré en occident comme le plus grand penseur de tous les temps. En effet et sur la longue route de toutes les théories philosophiques connues, des plus anciennes aux plus modernes, celle de Kant représente un tournant majeur dans le sens où les philosophes, psychologues et psychiatres venus après lui, étaient soit ses disciples soit s’étaient largement inspirés de ses travaux pour élaborer les leurs. 

Il en va ainsi de Jacques Lacan, le psychiatre français, qui n’avait absolument pas révolutionné le concept de vérité, introduisant l'idée que la vérité serait nécessairement partielle, comme l’affirment ses adeptes, mais tout simplement repris à son profit des conclusions de l’idéalisme Hégélien et Kantien.

Toute la recherche philosophique de Kant avait tourné autour de 4 questions majeures :

1. Qui suis-je ?
2. De quoi suis-je fait ?
3. Que puis-je faire ?
4. Que puis-je savoir ?

Aux deux premières questions, Kant a toujours répondu que le sage est celui qui répond je ne sais pas.

A la troisième, et en synthétisant sa philosophie, il répond que quatre choses sont à faire pour avoir sa place en tant qu'humain sur terre : Manger, travailler, vivre et interagir avec ses semblables, et se reposer. En dehors de ces quatre choses, tous ce qui peut arriver ou être fait ne sera qu'accidentel, sans importance et sans conséquences. La liberté individuelle sera de définir, pour chacun de nous, comment réaliser ces quatre choses sans empiéter sur la liberté des autres.

Ceux qui ont fait des efforts colossaux pour apprendre et comprendre l'idéalisme Allemand, de Kant et de Hegel, en sont certainement arrivés avec amertume à une impression profonde de futilité de leur tâche, l'étude de la métaphysique les ayant simplement amenés à faire des constats relevant du bon sens quotidien : Manger, travailler, vivre et interagir et se reposer ! Mais qu’ils se rassurent, car un bon philosophe est celui qui arrive à nous faire comprendre son art en utilisant des mots simples et de bon sens, et non pas le contraire.

Par ailleurs, ne soyons pas craintifs de nous attaquer à des systèmes de pensé qui semblent nous dépasser. Le bon sens, complété par une soif de connaissances, sont largement suffisant pour apprendre à philosopher même pour celles et ceux qui n'avaient pas étudié la philosophie avant. Vous y plongerez très probablement au moment où, comme tout le monde, vous vous poserez les fameuses questions métaphasiques : 
Qui sommes-nous, d’où venons-nous, pourquoi sommes-nous là ?

Cet "art de s’égarer (divaguer) avec méthode" que fut la spéculation philosophique Kantienne, nécessite évidemment quelque chose de plus que l'acuité intellectuelle ou que les longues heures consacrées à l’acquisition des connaissances. Il nécessite l’exercice du raisonnement, ainsi qu’une logique d’apprentissage et d’échange avec les autres, qui soit volontaire et humble à la fois, évitant les écueils des phraséologie pompeuses et mots abscons, que l'on trouve dans les livres de certains philosophes autoproclamés qui n'ont finalement réussi qu’à brouiller le message de l’idéalisme philosophique Hégélien et Kantien, à force de les plagier sans vraiment les comprendre.

Kant avait lui  consacré sa vie entière essayant de répondre à la quatrième question "Que puis-je savoir ?", écrivant et publiant des ouvrages philosophiques et métaphysiques dont le plus connu "Critique de la raison pure", pour finir par conclure que plus l'homme avance dans les connaissances et moins il saura.

Terrible conclusion..., Qui cependant ne doit surtout pas nous décourager car la pratique de cet art introspectif, à la portée de tout un chacun, pourra de manière apaisée, orienter notre périmètre de conscience vers une compréhension saine non pas de la vérité, celle-ci étant démontrée illusoire, mais bien de la meilleure manière de vivre et de mourir. 

Un peu comme le disait Cicéron, philosophe Romain, cité (en anglais) par Michel de Montaigne : 
 "that to study philosophy is nothing but to prepare one's self to die"


L’idéalisme de Kant


Les deux contributions Kantienne majeures à l’Idéalisme sont sans nul doute le fait d’avoir perçu et démontré avant tout le monde que nous avons sur les choses qui nous entourent une connaissance à-priori (induite) et non pas seulement déduite (analytique), comme on le pensait jusque là, et pour avoir mis en évidence l'importance philosophique de l’épistémologie ou théorie de la connaissance.

Dans sa "Critique de la raison pure" Kant expliquait que le "Noumenon", l’objet observé, ou comme il l’a appelé, "La chose en elle-même", lorsque associée à une partie de l’observateur, à sa subjectivité, devenait le "Phenomenon" c'est-à-dire la représentation que l’observateur s’en faisait, révélant du coup son segment caché "connaissance à priori", et impliquant que l’observateur ne voit que le Phenomenon et jamais le Noumenon.

Pour bien comprendre ce concept, pensez à cet exemple de la terre : En tournant sur elle-même et autour du soleil, elle crée un champ magnétique (atmosphère) dans lequel la lumière du soleil devient un halo de photons rebondissant dans tous les sens et créant cette luminosité qu’on appelle lumière du jour. Maintenant prenez la navette spatiale, sortez de l’atmosphère terrestre et regardez le ciel et..., surprise, il n’y a plus de jour ni de lumière diffuse ! Il n'y a que du noir et le soleil n'est plus qu'un grand point lumineux, de jour comme de nuit.

Appliquons la théorie kantienne à notre exemple et le soleil sera  "la chose en elle-même" ou "Noumenon" tandis que la lumière du jour devient "Phenomenon". Et voici que non seulement nous comprendrons mieux l’idéalisme de Kant, sans avoir à utiliser de phraséologies grandiloquentes du psychiatre français Lacan, mais qu’en plus, nous pouvons imaginer que la même chose se passe dans nos têtes : En observant notre environnement, nous créons bien une atmosphère d'imagerie (hologramme) avec à l'intérieur un arbre, un chien qui court, du gazon..., alors qu'à l’extérieur de notre tête il n'y a que des points lumineux (des atomes, des électrons et des photons) qui se déplacent de façon intelligente.

Immanuel Kant considère que lorsque nous observons notre environnement, nous ne percevons que la matière brute de l’objet, c'est-à-dire sa texture, sa couleur, sa forme de manière grossière.., le reste, c'est-à-dire la forme définitive et la compréhension/conception de l’objet n’est réalisé que grâce à l’image mentale créée par notre cerveau, laquelle va le situer dans l’espace-temps "que nous lui reconnaissons", grâce à l’à-priori spatio-temporel que nous en avons, mais aussi par déduction logique (causalité) et analogique (faisant appel à notre mémoire). 

Le grand philosophe semble ainsi nous suggérer que notre vision du monde est non seulement un produit mental mais qu’en plus, sa localisation dans notre présent relève du Phenomenon et non du Noumenon.

Bigre ! Cela veut dire que pour un observateur donné,  le "Moi" mental et le "Moi" corps physique sont situés dans différentes dimensions (réalités) et que de ce fait,  le "Moi" mental posséderait la connaissance à-priori de la localisation spatio-temporelle de chaque objet observé même dans le cas où ce dernier est inconnu, car la conception du Phenomenon et sa réalité spatio-temporelle sera de toute manière "fabriqué" mentalement et ne pourra pas être remise en cause puisque le Noumenon n’est jamais appréhendé.

C’est bien cela que Kant veut dire en affirmant que "la connaissance d’une réalité peut exister indépendamment de la réalité elle-même", concept basé sur la théorie de la connaissance et que les philosophes, venus après lui, ont eu et ont toujours du mal à comprendre. L’immédiateté supposée de la relation entre l’observateur et l’objet observé, ne laissant à leurs yeux aucune place à une quelconque distorsion temporelle de la connaissance ou non connaissance de cet objet. Or nous savons aujourd’hui que ceci est faux puisque les progrès de la médecine, de la biologie et de la neuropsychologie ont clairement démontré les mécanismes de construction d’imagerie mentale, prouvant l’existence de ce décalage temporel entre l’observation et la compréhension.

Il reste à démontrer comment fonctionne le mécanisme d’à-priori spatio-temporel et quel est son impact sur la conscience de soi. Cela fera l’objet du prochain article "Quels sont les mécanismes de la Conscience"

Herbert      

jeudi 21 mars 2013

IDEALISME ou MATERIALISME



La plus grande controverse philosophique ayant fait l’objet de querelles millénaires entre philosophes, est bien celle portant sur le degré de fiabilité que nous devons accorder aux informations transmises par nos cinq sens au cerveau. Elle porte sur le fait de savoir si nous avons une connaissance réelle et absolue prouvant l’existence du monde qui nous entoure, ou non.

Les Matérialistes pensent que le monde est constitué de matière solide dont les composants sont régis par les lois de la physique classique et que notre conscience est une pure fonction du corps physique et elle s’éteindra avec lui. Au-delà c’est le néant !

Pour les Idéalistes  c’est tout à fait le contraire qui se passe. Notre conscience est une entité autonome du corps physique et toute la matière qui existe ou connu par nous comme pouvant exister, n’est autre qu’une image mentale fabriquée par notre cerveau au moment où nous sommes amenés à l’observer. En d’autres termes, nous ne savons pas de quoi le monde extérieur est fait et nous ne sommes pas surs qu’il existe réellement.

Cependant, tout le monde s’accorde au moins sur un point : La connaissance que nous avons du monde extérieur n’est transmise que par les organes sensoriels : La vue, l’ouï, le toucher, le goût et l’odorat. On parle également d’un possible sixième sens mais dont la réalité reste tout de même à démontrer. Nous allons donc l’ignorer pour les besoins de cet exposé.

Si vous n'avez jamais beaucoup réfléchi à la question, vous devez naturellement supposer que vous (qui êtes entrain de lire maintenant) avez une connaissance directe de toutes les choses matérielles qui vous entourent. C'est-à-dire que lorsque vous les regardez, Il ne vous vient pas nécessairement à l’esprit tous ces mécanismes complexes s’enchainant les uns derrière les autres pour vous permettre de sentir, voir ou toucher et qui sont tellement rapides que vous n’en avez jamais conscience.


Les  dernières découvertes en neurosciences nous apprennent l’existence d’une chaine d’innombrables événements distincts, se déclenchant à la vue d’un objet, un arbre par exemple, et intervenant dans l’espace temps qui sépare l’objet observé de sa compréhension par notre esprit. Les uns après les autres, ces évènements vont se dérouler sur un laps de temps si court que nous n’en soyons jamais conscients: la lumière qui frappe l’objet pour se diriger ensuite vers la rétine de l’observateur, cette même lumière transmise de cellule en cellule à l’intérieur du nerf optique, sous forme de vibration, jusqu’à atteindre le cerveau primitif ou Thalamus. Ce dernier, servant de marqueur du temps et de l’espace, va transmettre la vibration au centre responsable de la vue dans le cortex cérébral central, afin que les deux points de réception puissent établir une espèce d’intervalle spatiotemporel (projection holographique) qui va créer l’image mentale de l’objet observé. 

Ce n’est qu’à ce stade que l’observateur est conscient de la projection holographique de l’objet dans son cerveau. Cependant, comme l’œil transmet une image inversée (voir illustré), le cerveau va corriger la mécanique et ré inverser l’image mentale finale sans quoi c’est un monde à l’envers que nous verrions. En cas de dysfonctionnement cérébral, cette fonction de ré inversement n’étant plus assurée, certains gauchers écriront leurs mots à l’envers (les voyants ainsi) et d’autres personnes devront mettre leurs livres et leurs écrans d’ordinateur à l’envers afin de pouvoir lire correctement.

A ce sujet, le magasine électronique Gentside site le cas d’une jeune Serbe victime d'un tel dysfonctionnement : 

Ceci constitue bien la preuve que nous ne connaissons pas le monde réel mais bien celui projeté à l’intérieur de notre cerveau, comme le soutiennent les adeptes du courant philosophique qu’on appelle Idéalisme (dans le sens idée mentale et non idéal) dont le plus illustre est le philosophe Allemand Immanuel Kant.   

Selon cette doctrine, notre connaissance des objets extérieurs ne vient que des sensations dont nous en avons. Par conséquent, lorsque nous essayons de comprendre la nature du monde extérieur, nous sommes comme devant une obscurité absolue. Il n'existe sans doute, en dehors de nous-mêmes, ni la couleur ni l'odeur, ni la force, ni la résistance, ni la masse, ni rien de ce que nous pensions connaitre de par nos cinq sens. La lumière est produite par l'excitation du nerf optique, et elle ne brille que dans notre cerveau, et quand à la source de cette excitation, rien ne nous prouve qu'elle soit réellement lumineuse.

Pas un seul de nos sens, absolument aucun, n'est pour nous un révélateur de la réalité extérieure. Les sensations de la vue, en apparence si objectives et si "réelles", ne sont que des projections holographiques provoquées par un signal électrique, envoyé au cerveau par le nerf optique, lequel signal est déclenché suite à l'excitation de notre rétine.

De la même manière, toutes les ondes sonores que nous écoutons ou qui nous assaillent, les grincements des machines, les sons de la nature, les mots et les cris de nos semblables..., toutes sont produites par des excitations de notre nerf acoustique. C'est à l'intérieur de notre cerveau que le bruit se produit, à l'extérieur, il y règne un silence de mort, et la même chose peut être dite de tous nos autres sens.

En bref, notre système nerveux, qui nous permet de communiquer avec les objets externes, nous empêche en même temps de connaître leur nature. C'est à la fois un organe d'interaction avec le monde extérieur, et la cause de propre isolement. Nous n'allons jamais en dehors de nous. Nous sommes emmurés ! Et tout ce que nous pouvons dire de la matière et du monde extérieur, c'est qu'ils nous sont révélés uniquement par les sensations qu'ils nous offrent, qu'ils constituent pour nous la cause inconnue des stimuli que nous recevons et qui excitent nos cinq sens, et que les idées que nous sommes en mesure de formuler quand aux sources de ces stimuli et leur nature, sont nécessairement déduites  de nos sensations donc aussi subjectives que les sensations elles-mêmes.

Bien entendu et pour le sens commun, cette théorie parait de prime abord difficile à admettre.
Certains peuvent être enclins à la rejeter la trouvant manifestement absurde, car pour eux, il ne fait aucun doute que les tables et les chaises, le soleil, les planètes et les objets matériels qui nous entourent soient bien réels et qu’ils ne soient absolument pas une vue de l’esprit comme semble l’affirmer cette théorie philosophique, ceci d’autant plus que la plupart des gens sont persuadés que l’existence de la matière physique (Terre, eau, volcans, montagnes..,) est bien antérieur à celle de l’homme et de son esprit, et qu’il est dans ce cas illogique de la considérer comme le simple produit d’une activité mentale humaine.

C’est le grand maitre, Immanuel Kant lui-même qui mettra fin à cette controverse en apportant sa vision de la connaissance, bouleversant les certitudes d’avant lui et créant le point de référence philosophique à la manière d’un Charles Darwin pour ce qui concerne la biologie et l’évolution des espèces.

C’est ce que nous verrons au prochain article : Immanuel Kant   

Herbert