Immanuel
Kant
(1724-1804) né à Königsberg ville
située au nord du royaume de Prusse, n'aimait pas beaucoup voyager. Il avait
passé sa vie dans sa région natale estimant qu'il n'y avait pas besoin de
voyager pour pouvoir imaginer le monde.
Il aimait à dire que
l'espace et le temps n'ont d'autres existences réelles que leur imagerie dans
nos têtes, que les sons n'existeraient pas en l'absence d'oreilles pour capter
les vibrations, et que les choses, les lieux, la matière et la substance
relèvent du même principe et n'existent que parce que l'esprit (humain) les a
créés.
La renommée internationale
de Kant fut assez tardive, et ce n'est qu'à l'âge avancé de 60 ans que ses
travaux commencèrent à être traduits en Anglais et en Français. Mais il est
considéré en occident comme le plus grand penseur de tous les temps. En effet
et sur la longue route de toutes les théories philosophiques connues, des plus
anciennes aux plus modernes, celle de Kant représente un tournant majeur dans le
sens où les philosophes, psychologues et psychiatres venus après lui, étaient soit
ses disciples soit s’étaient largement inspirés de ses travaux pour élaborer
les leurs.
Il en va ainsi de Jacques
Lacan, le psychiatre français, qui n’avait absolument pas révolutionné le
concept de vérité, introduisant l'idée que la vérité serait nécessairement
partielle, comme l’affirment ses adeptes, mais tout simplement repris à son
profit des conclusions de l’idéalisme Hégélien et Kantien.
Toute la recherche
philosophique de Kant avait tourné autour de 4 questions majeures :
1. Qui suis-je ?
2. De quoi suis-je fait ?
3. Que puis-je faire ?
4. Que puis-je savoir ?
Aux deux premières
questions, Kant a toujours répondu que le sage est celui qui répond je ne sais
pas.
A la troisième, et en
synthétisant sa philosophie, il répond que quatre choses sont à faire pour
avoir sa place en tant qu'humain sur terre : Manger, travailler, vivre et interagir avec ses semblables, et se reposer. En dehors de ces quatre choses, tous ce qui peut
arriver ou être fait ne sera qu'accidentel, sans importance et sans
conséquences. La liberté individuelle sera de définir, pour chacun de nous,
comment réaliser ces quatre choses sans empiéter sur la liberté des autres.
Ceux qui ont fait des efforts
colossaux pour apprendre et comprendre l'idéalisme Allemand, de Kant et de Hegel, en
sont certainement arrivés avec amertume à une impression profonde de futilité
de leur tâche, l'étude de la métaphysique les ayant simplement amenés à faire des constats
relevant du bon sens quotidien : Manger, travailler, vivre et interagir et
se reposer ! Mais qu’ils se rassurent, car un
bon philosophe est celui qui arrive à nous faire comprendre son art en utilisant des mots simples
et de bon sens, et non pas le contraire.
Par ailleurs, ne soyons pas craintifs de nous attaquer à des systèmes de pensé qui
semblent nous dépasser. Le bon sens, complété par une soif de connaissances,
sont largement suffisant pour apprendre à philosopher même pour celles et ceux qui n'avaient pas étudié la philosophie avant. Vous y plongerez très
probablement au moment où, comme tout le monde, vous vous poserez
les fameuses questions métaphasiques :
Qui sommes-nous, d’où venons-nous,
pourquoi sommes-nous là ?
Cet "art de
s’égarer (divaguer) avec méthode" que fut la spéculation philosophique
Kantienne, nécessite évidemment quelque chose de plus que l'acuité intellectuelle
ou que les longues heures consacrées à l’acquisition des connaissances. Il
nécessite l’exercice du raisonnement, ainsi qu’une logique d’apprentissage et
d’échange avec les autres, qui soit volontaire et humble à la fois, évitant les écueils des phraséologie pompeuses et
mots abscons, que l'on trouve dans les livres de certains philosophes autoproclamés qui n'ont finalement réussi qu’à brouiller le message de l’idéalisme philosophique Hégélien et Kantien, à force de les plagier sans vraiment les comprendre.
Kant avait lui consacré sa vie entière essayant de répondre à
la quatrième question "Que puis-je savoir ?", écrivant et publiant des ouvrages philosophiques et
métaphysiques dont le plus connu "Critique de la raison pure", pour
finir par conclure que plus l'homme avance dans les connaissances et moins il saura.
Terrible conclusion..., Qui cependant ne doit surtout pas nous
décourager car la pratique de cet art introspectif, à la portée de tout un
chacun, pourra de manière apaisée, orienter notre périmètre de conscience vers une
compréhension saine non pas de la vérité, celle-ci étant démontrée illusoire,
mais bien de la meilleure manière de vivre et de mourir.
Un peu comme le disait Cicéron, philosophe Romain, cité (en
anglais) par Michel de Montaigne :
"that
to study philosophy is nothing but to prepare one's self to die"
L’idéalisme de Kant
Les deux contributions
Kantienne majeures à l’Idéalisme sont sans nul doute le fait d’avoir perçu et
démontré avant tout le monde que nous avons sur les choses qui nous entourent
une connaissance à-priori (induite) et non pas seulement déduite (analytique),
comme on le pensait jusque là, et pour avoir mis en évidence l'importance
philosophique de l’épistémologie ou théorie de la connaissance.
Dans sa "Critique de
la raison pure" Kant expliquait que le "Noumenon", l’objet
observé, ou comme il l’a appelé, "La chose en elle-même", lorsque
associée à une partie de l’observateur, à sa subjectivité, devenait le
"Phenomenon" c'est-à-dire la représentation que l’observateur s’en
faisait, révélant du coup son segment caché "connaissance à priori",
et impliquant que l’observateur ne voit que le Phenomenon et jamais le
Noumenon.
Pour bien comprendre ce
concept, pensez à cet exemple de la terre : En tournant sur elle-même et
autour du soleil, elle crée un champ magnétique (atmosphère) dans lequel la lumière
du soleil devient un halo de photons rebondissant dans tous les sens et créant
cette luminosité qu’on appelle lumière du jour. Maintenant prenez la navette
spatiale, sortez de l’atmosphère terrestre et regardez le ciel et..., surprise,
il n’y a plus de jour ni de lumière diffuse ! Il n'y a que du noir et le soleil
n'est plus qu'un grand point lumineux, de jour comme de nuit.
Appliquons la théorie
kantienne à notre exemple et le soleil sera
"la chose en elle-même" ou "Noumenon" tandis que la
lumière du jour devient "Phenomenon". Et voici que non seulement nous
comprendrons mieux l’idéalisme de Kant, sans avoir à utiliser de phraséologies
grandiloquentes du psychiatre français Lacan, mais qu’en plus, nous pouvons imaginer que la même
chose se passe dans nos têtes : En observant notre environnement, nous
créons bien une atmosphère d'imagerie (hologramme) avec à l'intérieur un arbre,
un chien qui court, du gazon..., alors qu'à l’extérieur de notre tête il n'y a
que des points lumineux (des atomes, des électrons et des photons) qui se
déplacent de façon intelligente.
Immanuel Kant considère que
lorsque nous observons notre environnement, nous ne percevons que la matière
brute de l’objet, c'est-à-dire sa texture, sa couleur, sa forme de manière
grossière.., le reste, c'est-à-dire la forme définitive et la
compréhension/conception de l’objet n’est réalisé que grâce à l’image mentale
créée par notre cerveau, laquelle va le situer dans l’espace-temps "que
nous lui reconnaissons", grâce à l’à-priori spatio-temporel que nous en
avons, mais aussi par déduction logique (causalité) et analogique (faisant
appel à notre mémoire).
Le grand philosophe semble ainsi nous suggérer que
notre vision du monde est non seulement un produit mental mais qu’en plus, sa
localisation dans notre présent relève du Phenomenon et non du Noumenon.
Bigre ! Cela veut dire que pour un observateur
donné, le "Moi" mental et le
"Moi" corps physique sont situés dans différentes dimensions
(réalités) et que de ce fait, le
"Moi" mental posséderait la connaissance à-priori de la localisation
spatio-temporelle de chaque objet observé même dans le cas où ce dernier est
inconnu, car la conception du Phenomenon et sa réalité spatio-temporelle
sera de toute manière "fabriqué" mentalement et ne pourra pas être remise en cause puisque le Noumenon n’est jamais appréhendé.
C’est bien cela que Kant
veut dire en affirmant que "la connaissance d’une réalité peut exister
indépendamment de la réalité elle-même", concept basé sur la théorie de la
connaissance et que les philosophes, venus après lui, ont eu et ont toujours du
mal à comprendre. L’immédiateté
supposée de la relation entre l’observateur et l’objet observé, ne laissant à
leurs yeux aucune place à une quelconque distorsion temporelle de la
connaissance ou non connaissance de cet objet. Or nous savons aujourd’hui que
ceci est faux puisque les progrès de la médecine, de la biologie et de la neuropsychologie ont clairement démontré les mécanismes de construction
d’imagerie mentale, prouvant l’existence de ce décalage temporel entre
l’observation et la compréhension.
Il reste à démontrer comment fonctionne le mécanisme
d’à-priori spatio-temporel et quel est son impact sur la conscience de soi. Cela
fera l’objet du prochain article "Quels sont les mécanismes de la
Conscience"
Herbert
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMaintenant que nous avons clairement identifié la théorie Idéaliste, la réalité extérieure n’étant qu’une image fabriquée mentalement dans notre cerveau en réaction aux stimuli de l’environnement, et que nous en avons souligné l’important éclairage Kantien, à savoir la part de subjectivité individuelle à l’observation de l’objet externe, transformant celui-ci d’objet observé (Noumenon) en objet conceptualisé (Phenomenon) ; que nous avons compris l’existence d’un décalage spatio-temporel entre la sensation et la compréhension/conceptualisation, allant même jusqu’à le qualifier de décalage dimensionnel; et qu’enfin la Conscience-de-soi nous apparaît clairement comme une résultante de l’interaction Noumenon/Phenomenon…, nous sommes maintenant en mesure de comprendre et de critiquer les théories philosophiques et psychologiques introduites après Immanuel Kant.
RépondreSupprimerPrenons la théorie du psychiatre Français Lacan, à propos de laquelle un lecteur m’avait écrit ceci en janvier dernier :
" Le signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant. Le signifiant étant une incomplétude du langage, le sujet est réduit à l'effet du signifiant auquel il s'identifie et en lequel il peut se saisir qu'à se représenter en un autre signifiant. Le sujet se voit donc lui même en la signification qu'il a de son image, image spéculaire signifiée par le signifiant de l'autre. C'est à dire que l'autre est avant tout un signifiant (ou insignifiant, mais ça dépend de quel autre !( mdr !) avant d'être un signifié.
Donc il s'agit d'articuler cette chaine de signifiants qui forme la conscience de nous même dans ce que l'on appelle le langage. Mais comme l'inconscient est structuré comme un langage et que le langage exprime ce que nous avons de conscient de notre conscience même, il conviendra de savoir d'entre lequel des deux forme le réel, ce qui ne veut pas dire la réalité... "
Si vous lisez cela sans connaître la théorie Idéaliste, vous pouvez être impressionné et intimidé par la phraséologie, pensant au fond de vous-même que si vous n’aviez rien compris, c’est que c’est vrai !
Mais maintenant et à la lumière de ce que vous avez retenu de mes articles sur la conscience et la théorie Idéaliste, vous comprenez aisément l’arnaque intellectuelle : Lacan et d’autres, ont inventé des termes comme le "Signifiant" et le "Signifié" ( Contenant, Contenu) pour ne pas utiliser les concepts kantiens de "Phenomenon" et de "Noumenon", dans une opération de plagiat toute aussi grotesque et grandiloquente que ne l’est ce verbiage supposé représenter une démonstration philosophique.
Pour moi, cette science du verbiage si propre à l’élite autoproclamée française touche à tous les autres domaines de l’enseignement et est à l’origine de la dégradation du niveau intellectuel moyen dans ce pays, dégradation totalement niée à l’intérieure du pays mais étalée au grand jour à l’extérieur comme vous le montre ce graphique sidérant.
https://lh3.googleusercontent.com/-aagh_Gos6wI/Ub9BKUONyuI/AAAAAAAAAL0/pV5pld6-VFM/w817-h527-no/Classement+OCDE+selon+intensit%25C3%25A9+capitalistique+2.jpg