La plus grande controverse philosophique
ayant fait l’objet de querelles millénaires entre philosophes, est bien celle portant
sur le degré de fiabilité que nous devons accorder aux informations transmises
par nos cinq sens au cerveau. Elle porte sur le fait de savoir si nous avons
une connaissance réelle et absolue prouvant l’existence du monde qui nous
entoure, ou non.
Les Matérialistes pensent que le monde est
constitué de matière solide dont les composants sont régis par les lois de la physique
classique et que notre conscience est une pure fonction du corps physique et elle s’éteindra avec lui. Au-delà c’est le néant !
Pour les Idéalistes c’est tout à fait le contraire qui se passe. Notre
conscience est une entité autonome du corps physique et toute la matière qui existe
ou connu par nous comme pouvant exister, n’est autre qu’une image mentale fabriquée
par notre cerveau au moment où nous sommes amenés à l’observer. En d’autres
termes, nous ne savons pas de quoi le monde extérieur est fait et nous ne sommes
pas surs qu’il existe réellement.
Cependant, tout le monde s’accorde au moins
sur un point : La connaissance que nous avons du monde extérieur n’est
transmise que par les organes sensoriels : La vue, l’ouï, le toucher, le goût
et l’odorat. On parle également d’un possible sixième sens mais dont la réalité
reste tout de même à démontrer. Nous allons donc l’ignorer pour les besoins de
cet exposé.
Si vous n'avez jamais beaucoup réfléchi à la
question, vous devez naturellement supposer que vous (qui êtes entrain de lire
maintenant) avez une connaissance directe de toutes les choses matérielles qui
vous entourent. C'est-à-dire que lorsque vous les regardez, Il ne vous vient
pas nécessairement à l’esprit tous ces mécanismes complexes s’enchainant les
uns derrière les autres pour vous permettre de sentir, voir ou toucher et qui
sont tellement rapides que vous n’en avez jamais conscience.
Les
dernières découvertes en neurosciences nous apprennent l’existence d’une
chaine d’innombrables événements distincts, se déclenchant à la vue d’un objet,
un arbre par exemple, et intervenant dans l’espace temps qui sépare l’objet observé
de sa compréhension par notre esprit. Les uns après les autres, ces évènements
vont se dérouler sur un laps de temps si court que nous n’en soyons jamais
conscients: la lumière qui frappe l’objet pour se diriger ensuite vers la
rétine de l’observateur, cette même lumière transmise de cellule en cellule à
l’intérieur du nerf optique, sous forme de vibration, jusqu’à atteindre le
cerveau primitif ou Thalamus. Ce dernier, servant de marqueur du temps et de
l’espace, va transmettre la vibration au centre responsable de la vue dans le
cortex cérébral central, afin que les deux points de réception puissent établir
une espèce d’intervalle spatiotemporel (projection holographique) qui va créer l’image
mentale de l’objet observé.
Ce n’est qu’à ce stade que l’observateur est
conscient de la projection holographique de l’objet dans son cerveau.
Cependant, comme l’œil transmet une image inversée (voir illustré), le cerveau
va corriger la mécanique et ré inverser l’image mentale finale sans quoi c’est
un monde à l’envers que nous verrions. En cas de dysfonctionnement cérébral,
cette fonction de ré inversement n’étant plus assurée, certains gauchers
écriront leurs mots à l’envers (les voyants ainsi) et d’autres personnes
devront mettre leurs livres et leurs écrans d’ordinateur à l’envers afin de
pouvoir lire correctement.
A ce sujet, le magasine électronique Gentside site le cas d’une jeune Serbe victime d'un tel dysfonctionnement :
Ceci constitue bien la preuve que nous ne
connaissons pas le monde réel mais bien celui projeté à l’intérieur de notre
cerveau, comme le soutiennent les adeptes du courant philosophique qu’on
appelle Idéalisme (dans le sens idée mentale et non idéal) dont le plus
illustre est le philosophe Allemand Immanuel Kant.
Selon cette doctrine, notre connaissance des objets extérieurs ne vient que des sensations dont nous en avons. Par conséquent, lorsque nous essayons de comprendre la nature du monde extérieur, nous sommes comme devant une obscurité absolue. Il n'existe sans doute, en dehors de nous-mêmes, ni la couleur ni l'odeur, ni la force, ni la résistance, ni la masse, ni rien de ce que nous pensions connaitre de par nos cinq sens. La lumière est produite par l'excitation du nerf optique, et elle ne brille que dans notre cerveau, et quand à la source de cette excitation, rien ne nous prouve qu'elle soit réellement lumineuse.
Selon cette doctrine, notre connaissance des objets extérieurs ne vient que des sensations dont nous en avons. Par conséquent, lorsque nous essayons de comprendre la nature du monde extérieur, nous sommes comme devant une obscurité absolue. Il n'existe sans doute, en dehors de nous-mêmes, ni la couleur ni l'odeur, ni la force, ni la résistance, ni la masse, ni rien de ce que nous pensions connaitre de par nos cinq sens. La lumière est produite par l'excitation du nerf optique, et elle ne brille que dans notre cerveau, et quand à la source de cette excitation, rien ne nous prouve qu'elle soit réellement lumineuse.
Pas un seul de nos sens, absolument aucun,
n'est pour nous un révélateur de la réalité extérieure. Les sensations de la
vue, en apparence si objectives et si "réelles", ne sont que des
projections holographiques provoquées par un signal électrique, envoyé au
cerveau par le nerf optique, lequel signal est déclenché suite à l'excitation
de notre rétine.
De la même manière, toutes les ondes sonores
que nous écoutons ou qui nous assaillent, les grincements des machines, les
sons de la nature, les mots et les cris de nos semblables..., toutes sont
produites par des excitations de notre nerf acoustique. C'est à l'intérieur de
notre cerveau que le bruit se produit, à l'extérieur, il y règne un silence de
mort, et la même chose peut être dite de tous nos autres sens.
En bref, notre système nerveux, qui nous
permet de communiquer avec les objets externes, nous empêche en même temps de
connaître leur nature. C'est à la fois un organe d'interaction avec le monde
extérieur, et la cause de propre isolement. Nous n'allons jamais en dehors de
nous. Nous sommes emmurés ! Et tout ce que nous pouvons dire de la matière et
du monde extérieur, c'est qu'ils nous sont révélés uniquement par les
sensations qu'ils nous offrent, qu'ils constituent pour nous la cause inconnue
des stimuli que nous recevons et qui excitent nos cinq sens, et que les idées
que nous sommes en mesure de formuler quand aux sources de ces stimuli et leur
nature, sont nécessairement déduites de
nos sensations donc aussi subjectives que les sensations elles-mêmes.
Bien entendu et pour le sens commun, cette
théorie parait de prime abord difficile à admettre.
Certains peuvent être enclins à la rejeter
la trouvant manifestement absurde, car pour eux, il ne fait aucun doute que les tables et
les chaises, le soleil, les planètes et les objets matériels qui nous entourent
soient bien réels et qu’ils ne soient absolument pas une vue de l’esprit comme
semble l’affirmer cette théorie philosophique, ceci d’autant plus que la
plupart des gens sont persuadés que l’existence de la matière physique (Terre,
eau, volcans, montagnes..,) est bien antérieur à celle de l’homme et de son esprit,
et qu’il est dans ce cas illogique de la considérer comme le simple produit
d’une activité mentale humaine.
C’est le grand maitre, Immanuel Kant
lui-même qui mettra fin à cette controverse en apportant sa vision de la
connaissance, bouleversant les certitudes d’avant lui et créant le point de
référence philosophique à la manière d’un Charles Darwin pour ce qui concerne
la biologie et l’évolution des espèces.
C’est ce que nous verrons au prochain
article : Immanuel Kant
Herbert
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