samedi 2 février 2013

Conscience (2) - Que nous disent les anciens ?


A l’aube de la civilisation Gréco-romaine et Judéo-chrétienne, de grands philosophes avaient étudié ces questions et nous avaient laissé des réponses avec leurs visions métaphysiques du monde. 

Ces visions furent reprises et théorisées à partir de la fin du 16ème siècle et jusqu’au 18ème, par de grands penseurs tels que Descartes, Spinoza, Humes, Locke et Kant, pour être finalement abandonnées par les cercles scientifiques au profit de la psychologie et de la psychanalyse. 

Aujourd'hui, la métaphysique est de nouveau à la mode, étudiée sous l’éclairage de la physique quantique et occupant comme dans l'antiquité, sa place d'intersection entre philosophie et science. 

Thalès de Milet (VIème siècle Av. J.-C), philosophe grec, était le premier (connu) à penser et à enseigner que la Conscience se situait au niveau de chacune des milliards de "portions autonomes" (atomes ?) qui composent la matière, notre corps, celui des animaux et des êtres et objets formant l’univers. 

La matière serait aussi animée par cette Conscience, divisée en "êtres puissants", de manière à ce qu’elle soit maintenue tout le temps en mouvement. Et la Conscience serait à la fois une sorte d’énergie capable d’alimenter la transformation perpétuelle de la matière et une intelligence "divine" autonome chargée de la gestion de la matière. Lucrèce, le poète philosophe romain (1er siècle Av. J-C) reprendra cette même description de la matière dans son poème de  six tomes consacré à l'épicurisme.

Cette théorie sera complétée par un autre philosophe grec,  Héraclite d’Éphèse (VIe siècle av. J.-C), auteur du principe selon lequel "Tout ce qui nous entoure est dans un état de devenir, car en perpétuel développement…" et que " Rien n' EST, car toute chose est vouée à une éternelle croissance".

Les érudits retrouveront là une grande similitude avec la philosophie Bergsonienne, sur laquelle je vais revenir un peu plus tard dans cet exposé, afin de rendre hommage à ce grand homme largement ignoré par l’élite pseudo-intellectuelle française.

Après Héraclite d’Éphèse le système de pensée métaphysique grec tomba malheureusement dans la facilité du surnaturel influencé par les croyances religieuses mono déiste du pharaon Égyptien Akhenaton.

Empédocle d'Agrigente (5ème siècle av. J.-C) développa la théorie des quatre éléments primordiaux, formant un tout animé par deux forces contraires, l'amour (force d’unité) et la haine (force de désintégration), présentant une remarquable ressemblance avec le système d'antagonisme perpétuel des deux grands dieux, celui du bien et celui du mal, à la base de la religion de Zoroastre des Perses
Pythagore (5ème siècle av. J-C) qui était une sorte de devin magicien ou prophète et non le mathématicien de génie comme on vous l’a appris, nous a laissé une "bible" bien avant l’ère chrétienne sous forme de "Versets d’Or", sorte de maximes moraux et religieux édictés par lui et repris plus tard par ses disciples et par les philosophes disciples de Platon.    

Pour Pythagore, les réalités sous-jacentes de notre monde seraient fondées sur les mathématiques car possédant des lois immuables. Idée qui sera reprise à leurs propres comptes par Platon et bien plus tard par Descartes, selon laquelle la Conscience individuelle n'existe pas en dehors d'une réalité suprême, appelée dieu ou le nombre un, qui constitue l’essence et la causalité interne de tous les êtres vivants.
 
D’après Pythagore nous ne sommes pas des êtres conscients avec un libre arbitre mais seulement des nombres parfaits dans un univers immuable,gouverné par des combinaisons de nombres selon une série numérique dont nous ne possédons pas la clé, mais qu’il sera possible un jour de deviner. 

Mais aussi paradoxalement que cela puisse paraitre, Pythagore croyait aussi en la perpétuelle réincarnation des "entités animées" (êtres vivants), réincarnation en humains ou animaux selon que l’on ait fait du bien ou du mal dans nos vies antérieures. C’est ce qu’on appelle la doctrine de la Métempsycose ou Transmigration des âmes.
Parménide (5ième siècle Av. J-C.), probablement le prophète/philosophe grec qui a le plus influencé les grands courants philosophiques anciens (Platon) et modernes (Descartes, Spinoza..,), paracheva la forme occidentale  de la religion monothéiste, enseignant l’existence d’un Dieu unique, éternel, immuable, inamovible, présent partout à la fois, et gouvernant toutes choses par sa seule pensée. A quelques détails prés, cet embryon de religion ressemble fortement à l’enseignement du Pharaon  Akhenaton d’Égypte (1350 Av. J-C.).

Enfin je finis ce catalogue de la pensée philosophique ancienne par un bref rappel de celle de  Platon (4ième siècle Av. J-C.), qui en fait n'était que spéculations confuses mélangeant des narrations mathématiques, une géométrie dans l'espace assez innovante pour cette époque, à des considérations philosophiques et religieuses, et ce, sans avoir effectué d'observations expérimentales pour les démontrer.

Dans son livre "Timaeus" (le plus obscur de tous), le grand philosophe de l'antiquité mélange des considérations mystiques, dieu créateur des âmes, réincarnation.., à une description d'éléments clés en géométrie (Formes Platoniques) ainsi qu'en biologie moléculaire (assemblage des atomes), de manière assez surprenante pour son époque. Voici ce qu'il écrivait en page 1181 de son livre "Timaeus", parlant de la matière:

Nous devons imaginer l'ensemble d’être si petit qu'aucune particule unique (atome) de l'un des quatre types (formes géométriques appelées par la suite formes platoniques) ne peut être vu par nous à cause de leur petitesse, mais quand beaucoup d'entre eux sont rassemblés, leurs agrégats sont visibles. Et les ratios de leurs nombres mathématiques, de leurs motions et des autres propriétés qui les caractérisent, ont partout été perfectionnés, harmonisés et proportionnés par dieu autant que nécessité y oblige.


Conclusion : Choux blanc ! Les philosophes grecs qui excellaient dans les définitions de notions abstraites comme l’art, la sagesse ou la beauté, ont fait choux blanc sur celle de Conscience ! Ceux qui s’étaient aventurés dans cette voie, avaient vite fait de retomber dans la facilité rassurante d’un dieu qui serait la conscience de tout. Et comme le concept de dieu, idem celui du temps, ne s’explique que par lui-même, alors on ne va pas plus loin : dieu est conscience et la conscience c’est dieu, point à la ligne.

Même Platon semble avoir tourné court dans sa réflexion métaphysique préférant nous léguer des banalités aux relents surnaturels associées à des résultats d'observations empiriques étonnamment modernes au vu des moyens d’observation de son époque et dont il n'était à l'évidence pas l'auteur.

Prochain article : L'escalier de Penrose ou la conscience de soi

Herbert


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